• C'est en Nouvelle-Calédonie qu'a démarré l'aventure théâtrale pour Joshua qui avait alors rejoint pour un atelier hebdomadaire un petit groupe d'enfants guidé par Catherine Dinevan, de la Compagnie Kidams, dont les spectacles nous avaient enthousiasmés. 

    Arrivé à Lille, il a souhaité poursuivre l'exploration de cet univers, aussi l'ai-je inscrit dans l'une des Maisons de quartier de la ville. C'est d'abord la dynamique Amélie qui a emmené le groupe des 9-12 ans par le biais de jeux vers la création complète d'un spectacle : personnages, costumes, scénario, dialogues, mise en scène. Joshua s'y est amusé et fait des amis tout au long de l'année et c'est avec plaisir que nous avions pu assister à la représentation dans la salle Allende de Mons-en-Baroeul en juin 2019. Dans une histoire loufoque autour du thème du cinéma, avec une grande complicité des comédiens, nous avons aimé voir notre Jojo sur scène endosser le rôle "du mec du Cheval de Nietzsche", évoluant dans la lenteur en mangeant des patates crues ! * Référence au film Le cheval de Turin

    1, 2, 3... Impro !

    1, 2, 3... Impro !

    1, 2, 3... Impro !

    Malheureusement pour la joyeuse troupe, Amélie a déménagé à la fin de l'année. Le relais a été passé à Mathis mais Joshua s'y est moins retrouvé... et puis le Covid est arrivé, nous privant d'une restitution. Mathis n'a pas renouvelé son contrat et c'est Ryan, prestidigitateur et improvisateur, qui est apparu. Gros gros succès auprès des enfants ! Joshua a découvert cette année-là le spectacle et le match d'impro, un vrai kiffe pour lui ! L'année a été un peu intermittente du fait des mesures sanitaires prises et l'animateur adulé s'est évaporé au mois de mai sans nous laisser une chance d'assister à une performance scénique...

    Joshua étant déçu mais toujours motivé pour faire du théâtre d'impro à la rentrée 2021, nous avons orienté Clémence, prof d'ateliers pour adultes à la LILA, vers la maison de quartier qui avait un poste vacant. Le Covid et les mesures qui en ont découlé ont malheureusement été responsables de nombreux désistements dans les rangs des jeunes comédiens. Ils n'étaient que 7 cette année, avec peu d'anciens, une ambiance différente qui a moins plu à Joshua. Clémence a néanmoins injecté son énergie dans l'atelier. Mais comme elle n'était pas seule, puisqu'elle portait en elle un petit bébé, elle a donc passé le relai à Yasmine, improvisatrice à la LILA également, qui a assuré son rôle jusqu'à la fin de l'année et proposé un spectacle d'impro début juillet. Le groupe des plus jeunes s'est joint au groupe des ados pour que le nombre de comédiens présents en ce début d'été soit suffisant. Et Joshua qui commençait à perdre sa motivation l'a retrouvée avec le groupe de filles plus âgées. Lors de la représentation, nous avons senti qu'ils étaient dans leur élément, qu'ils s'y amusaient vraiment.

    1, 2, 3... Impro !

    1, 2, 3... Impro !

     

    Comme Joshua vient d'avoir 13 ans, il devrait rejoindre à la rentrée le groupe des ados, toujours en impro, car c'est le type de théâtre qui lui plaît vraiment. 


  • Après s'être essayé au tennis en club pendant une année, c'est vers le tennis de table que Joshua s'est dirigé. Voilà deux années donc qu'il participe à des stages et suit un entraînement hebdomadaire, toutefois contrarié par l'épidémie et les mesures sanitaires. Il a heureusement aussi l'occasion de taper la balle chaque été chez sa grand-mère ou bien ici, dans les parcs aménagés.

    Débutant sur le tard (et oui, en sport, on est déjà vieux à 11 ans !), il a bien failli se démotiver face au niveau déjà avancé des autres adhérents du club... et puis finalement, l'ambiance étant conviviale, les entraînements ludiques, il a décidé de poursuivre, constatant malgré tout ses progrès.

    Tennis de table

    N'étant pas inscrit en compétition, il a tout de même pu expérimenter cette fin d'année des tournois internes. Défi supplémentaire pour le premier : les participants devaient jouer avec des "hardbats", à l'ancienne ! Joshua y a pris beaucoup de plaisir (surtout que la matinée sportive était suivie d'un déjeuner-buffet ;)

    Tennis de table

    Il a remis ça le week-end dernier (et cette fois c'était barbecue, motivation décuplée !). Bien que d'un naturel non compétitif, il a été toutefois affecté par son premier match contre un vétéran qui ne lui a laissé aucune chance. Perdre, oui, se prendre une raclée, pas évident... Pour autant le monsieur lui a donné des conseils et notre jeune novice s'est accroché. Il savait qu'il ne gagnerait pas mais a été satisfait dans les matchs suivants de pouvoir marquer de nombreux points. 

                           Service compris  Service compris

    Service compris

    Il souhaite poursuivre sa pratique à la rentrée prochaine, s'est inscrit à un stage cet été pour progresser et verra s'il entre en septembre dans la compétition... sans pression. 

     


  • J'ai contacté il y a quelques mois l'association CPIE Chaine des Terrils afin d'organiser une animation pour notre groupe parents-enfants. Flexible sur les âges, M. Lecerf a adapté et nous a proposé l'animation "Le Défi des Terrils" pour un groupe de 60 personnes, enfants, ados et adultes. 

    Et c'est le 17 mai que nous nous sommes retrouvés à la base 11/19 de Loos-en-Gohelle, face aux deux terrils connus sous le nom des "jumeaux", pour un rallye nature d'environ 2h30. Le soleil était vraiment (un peu trop) généreux ce jour-là, ajoutant une épreuve à ce défi. Le site et les règles du jeu nous ont été présentés par trois guides, qui nous ont accompagnés tout au long de notre parcours. 

    Le Défi des terrils

    Le Défi des terrils

    Nous avons formé des équipes mixtes de 5 à 7 personnes, les enfants/ados en ont choisi la composition. Puis nous nous sommes vu remettre une besace contenant un plan et un livret à remplir au fil du parcours. En tout 6 épreuves à réaliser, portant sur la faune, la flore, la géologie, les paysages, le patrimoine et l'orientation, certaines en autonomie, d'autres guidées par les animateurs. Un temps de retour nous a été donné pour évaluer les réponses trouvées et annoncer le palmarès des équipes, ce dont nous nous serions bien passés.  

    Le Défi des terrils

    Le Défi des terrils

    Nathanaël et Joshua sont partis dans un groupe exclusivement composé d'ados tandis que mon équipe était constituée de 4 mamans et 2 enfants. Chaque équipe avait des épreuves à réaliser dans un ordre différent de sorte que nous nous sommes peu croisés. Dans notre cas, nous avons commencé par l'épreuve sur la faune où il s'agissait à partir d'indices dans des petits contenants d'identifier des animaux présents sur les terrils : le guano de la pipistrelle, l'exuvie de l'anax empereur, la pelote de rejection du hibou moyen duc, la noisette percée par le balanin du noisetier.

                           Le Défi des terrils  Le Défi des terrils

     

    Epreuve réussie et indice collecté, nous nous sommes dirigés vers la seconde épreuve, celle d'orientation... Mais celle-ci nous faisant justement défaut, nous avons perdu beaucoup de temps à nous rendre au point de rdv et avons dû faire des choix stratégiques et coopératifs afin de marquer le plus de points possibles. Nous avons donc décidé de ne pas effectuer la longue épreuve d'orientation mais de scinder notre équipe en deux : les sportifs volontaires ont poursuivi l'ascension du terril le plus haut d'Europe pour aller identifier les paysages reproduits dans le livret tandis que l'autre moitié a réalisé l'épreuve géologique en collectant et reconnaissant des roches : schiste noir ou rouge, grès, sidérose et charbon bien sûr ! Un fossile est même venu se glisser dans notre collection, nous apportant un bonus inespéré. Sur le chemin du retour, une partie de l'équipe a continué au pas de course à compléter notre livret en frottant les feuilles des arbres identifiés : chêne pédonculé, érable sicomore, aulne glutineux, bouleau verruqueux et en répondant aux questions sur le patrimoine à partir d'un texte situé en toute fin de livret.

                           Le Défi des terrils  Le Défi des terrils

    Le Défi des terrils

    Notre équipe s'en est donc très bien sortie malgré une épreuve non réalisée. L'équipe des ados un peu moins, ayant manqué plusieurs informations dans le livret. Mais ils ont bien ri et c'est un bonus non négligeable ! A l'unanimité, tout le monde s'est bien amusé, même s'il nous aurait fallu un peu plus de temps et quelques degrés Celsius en moins. 

    Le Défi des terrils

    Nous recommandons les animations de cette association pour découvrir le patrimoine de notre région de façon ludique et remercions toute l'équipe du CPIE pour son accueil. 

    Merci également à Céline pour le partage de photos :)

     

     


  • Comme nos enfants ont passé l'essentiel de leur vie à l'étranger, ils ont eu le loisir d'apprendre de nombreuses choses de manière informelle, sur des sujets variés, sans que leur instruction ne soit évaluée par une quelconque autorité. En effet, c'est toujours la loi du pays dans lequel on vit qui s'applique et en l'occurrence, l'inspection ne s'appliquait pas en Belgique ni en Hongrie à l'âge qu'ils avaient lorsque nous y résidions, et ne concernait pas les étrangers à Singapour. Quant à la Nouvelle-Calédonie, n'étant pas certains durant nos quelques mois passés là-bas d'y rester toute la durée de notre congé sabbatique, nous n'y avons rempli aucune formalité.

    C'est donc de retour en France métropolitaine en 2018 que nous avons effectué nos premières déclarations d'IEF (Instruction En Famille) auprès de la mairie de notre commune et des services de l'Education nationale de notre Académie. Dans le courant de cette même année scolaire, nous avons reçu à notre domicile un agent de la mairie et plusieurs inspecteurs de l'EN. Joshua étant alors, en tenant compte de son âge, du niveau primaire et Nathanaël du niveau collège, ce sont deux équipes différentes que l'Académie a dépêchées. En revanche un seul employé communal nous a rendu visite, pour se renseigner à travers un échange cordial sur le contexte de l'instruction, le lieu de vie des enfants, leurs activités sociales...

    Cette rencontre doit avoir lieu, d'après la loi française en vigueur, tous les deux ans pour la partie municipale, chaque année pour la partie académique.

    Pour la rencontre avec les inspecteurs, j'ai préféré prendre contact avec eux en amont afin de faciliter la fluidité des échanges le jour J. Ainsi, après avoir reçu pour l'un et l'autre des garçons un courrier contenant les dates d'inspection et les noms des personnels, j'ai pu préparer et envoyer un dossier à leur intention leur présentant les motifs de ce choix éducatif, notre parcours, la façon dont les apprentissages sont réalisés avec une liste de leurs lectures, des supports utilisés, des lieux sportifs et culturels fréquentés. J'ai aussi bien entendu transmis le lien de ce blog afin d'illustrer au mieux les propos. 

    Et c'est Joshua qui a ouvert le bal, avec une inspectrice et une conseillère pédagogique déjà conquises après lecture des documents envoyés et du blog, leur permettant d'avoir déjà une connaissance du terrain familial et pédagogique sur lequel elles s'engageaient. L'inspectrice, joviale, nous a tout de suite mis en confiance et a démarré les échanges à partir des documents envoyés ; elle n'a pas tari d'éloges sur notre façon d'aborder et lier les apprentissages. Elle s'est aussi intéressée et adressée directement à Joshua, lui demandant de lui montrer des choses qu'il avait réalisées. Elle a feuilleté le journal non-sco des enfants et engagé la conversation avec lui au sujet des articles qu'il avait écrits, ce qui a mis Joshua en confiance et a permis à l'inspectrice d'évaluer l'air de rien son niveau de langage. Il a parlé de sa pratique du théâtre et a lu l'introduction et le descriptif des personnages de la pièce qu'il allait jouer. Son niveau de lecture a ainsi pu être évalué. Il a aussi sorti son diabolo et fait une démonstration de ses compétences circassiennes ! Enthousiasmée par ces échanges informels, c'est à contrecœur que l'inspectrice a sorti un livret d'évaluations nationales et demandé à Joshua d'effectuer quelques rapides exercices, de français et de mathématiques, histoire de garder une trace écrite. Le binôme est reparti enchanté et nous soulagés et agréablement surpris par cette première rencontre.

    Lors de la première inspection pour Nathanaël, c'est un binôme composé d'un inspecteur et d'une inspectrice qui s'est présenté chez nous. J'avais aussi envoyé un dossier au secrétariat mais n'avais pas eu de retour de leur part et ne savais pas s'ils en avaient pris connaissance. Les échanges ont été moins chaleureux tout en restant respectueux. Il a fallu exposer avec plus de conviction nos choix qui laissaient l'inspecteur en particulier dubitatif, voyant ce choix éducatif comme risqué pour l'avenir des enfants. Toutefois, Nathanaël a pu présenter quelques-uns de ses travaux, en sciences, en français, et échanger dans un anglais bien au-dessus des attendus avec l'inspectrice, spécialiste de cette langue, ce qui a abouti à un rapport favorable faisant état d'un enfant curieux et épanoui avec un très bon niveau de langage, en français comme en anglais. 

    L'année suivante, Joshua a rejoint le niveau collège et ce n'est qu'une convocation pour deux enfants que nous avons reçue. J'avais commencé à formaliser davantage les apprentissages, progressivement, en vue d'une intégration scolaire peut-être au lycée. Pas de visite de la mairie cette année-là... et finalement pas de visite de l'EN non plus, la date de rendez-vous fixée tombant en plein premier confinement de 2020. La situation sanitaire ayant eu du mal à se décanter, nous n'avons reçu aucun report de date. J'avais toutefois envoyé les documents de présentation aux inspecteurs qui en avaient accusé réception. 

    En 2021, nous avons reçu à nouveau la visite d'un employé de la mairie dans notre nouveau domicile. L'échange a encore été une fois cordial. Puis nous avons été convoqués par l'Académie dans un lycée pour nos deux enfants. Problème : comment présenter notre cadre de vie et les supports que nous utilisons, en-dehors de chez nous ? Qu'à cela ne tienne, c'est avec des valises que nous avons débarqué au lycée ! Nous avons été accueillis par une inspectrice spécialiste des domaines littéraires et un inspecteur du domaine des sciences et de l'industrie. Ils avaient pris le temps de consulter le dossier envoyé et étaient ravis d'échanger avec nous. Ils ont également sur place consulté notre grande braderie de matériel apporté et dialogué avec les enfants sur leurs centres d'intérêt. Nous avons vraiment eu un échange agréable, d'égal à égal, de pédagogue à pédagogue, dans un esprit de collaboration, avec et pour l'enfant. Dans cette grande salle, chaque inspecteur a accompagné à une table un enfant à tour de rôle et l'a interrogé à l'oral ou à l'écrit dans différentes disciplines : Histoire, géographie, littérature, anglais, mathématiques, sciences. Les inspecteurs se sont adaptés au niveau, allant choisir d'autres supports dans leur banque personnelle ou parmi nos ressources soit pour ne pas mettre l'enfant en difficulté si un sujet n'avait pas encore été abordé ou soit au contraire le challenger quand ils constataient une aisance particulière. Après une rencontre d'un peu plus de trois heures, nous sommes repartis vraiment satisfaits de cette inspection. Dans cet esprit collaboratif j'ai d'ailleurs pu reprendre contact avec l'inspecteur pour des conseils d'orientation au lycée pour Nathanaël. Le rapport a bien sûr été favorable pour poursuivre en IEF et l'inspectrice m'a même demandé si je ne voulais pas revenir dans l'Education nationale ;)

    En 2022, c'est dans un collège que nous avons été convoqués, avec un inspecteur et un professeur d'anglais. Je m'étais permis d'envoyer le dossier de présentation directement dans leurs boîtes mail, ayant eu écho de dossiers n'ayant pas trouvé le chemin jusqu'aux inspecteurs via le secrétariat. La configuration a été à peu près la même que la fois précédente, dans la salle de classe du professeur d'anglais, où après un échange d'environ une heure sur nos choix, notre emploi du temps, les activités des enfants et l'observation des supports apportés, chaque personne a encadré un enfant pour évaluer diverses compétences à l'oral et à l'écrit dans les domaines du français, des mathématiques, de l'Histoire, de la géographie, de l'EMC, de l'anglais, des sciences... Chaque fois cela a un petit côté "Question pour un champion", jeu assez stressant dans lequel nos enfants s'en sortent plutôt bien mais où nous restons néanmoins vigilants à ce qu'ils vivent au mieux ce tour d'horizon de leurs connaissances et compétences, prêts à intervenir si nécessaire. Après un moment pour faire le point entre eux, les deux évaluateurs sont revenus en nous disant que l'avis était favorable, que les garçons avaient une bonne capacité de raisonnement et d'analyse et recevaient une instruction de qualité.

    Ce rapport positif nous donne ainsi accès au Graal de l'IEF de plein droit pour les deux années à venir, les modalités ayant évolué depuis le passage de la "loi confortant le respect des principes républicains".

    J'ai pu constater à la lecture du rapport que le blog avait bien assuré sa fonction de portfolio puisque les inspecteurs s'en sont servi pour valider dans leur grille certains domaines. Bien sûr chaque inspection, courte et longue à la fois, ne peut pas permettre aux inspecteurs délégués pour cette mission d'évaluer toutes les compétences qui sont en temps normal évaluées tout au long de l'année par une équipe enseignante de manière continue. Mais le travail de documentation fourni chaque fois en amont, l'illustration assidue en ligne depuis 12 années  et surtout les échanges vivants directement avec les enfants leur permettent de cerner le type d'éducation reçue dans sa globalité d'une part, et de manière ponctuelle mais précise dans différentes disciplines d'autre part. 

    Cependant les expériences sont inégales d'une famille à l'autre et s'il y a une tendance à l'uniformisation des inspections, pas forcément d'ailleurs dans le sens des échanges horizontaux mais plutôt des exercices formels et des rapports verticaux, nous avons conscience que nous avons "de la chance". En effet, toutes nos inspections se sont déroulées dans le respect du cadre de la loi (pas de séparation parents/enfants, consultation des documents apportés, échanges préliminaires, adaptation des exercices) et dans le respect de nos choix éducatifs, de nos enfants, avec bienveillance, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas d'après les témoignages que j'ai pu lire ou entendre dans notre réseau.

    * Edit : nous avons depuis la rentrée 2022 formé un collectif de familles des Hauts-de-France. Une petite délégation est en contact avec le Rectorat pour signaler les contrôles qui ne se déroulent pas dans le cadre légal. 

     


  •  

    Article rédigé par Nathanaël.

     

    Ayant un gabarit poids-plume, il semble que je fasse partie de la catégorie de coureurs que sont les grimpeurs. N’ayant jamais pu faire de sorties en montagne, l’envie me démangeait de me tester !

    Pour les vacances d’avril, j’ai donc suggéré à mes parents la destination de la Provence et plus particulièrement du fameux géant de Provence : j’ai nommé le mythique Mont Ventoux !

     

    Et c’est ainsi qu’au terme d’un voyage en voiture de plusieurs heures, nous arrivâmes au gîte de vacances situé idéalement sur les flancs mêmes du géant !

    Ravi, la première chose que je fis en arrivant (le lendemain, étant donné l’heure tardive de notre arrivée)  fut d’assembler mon vélo et partir en reco au col de la Madeleine, à un peu plus de 400 m d’altitude, afin de me tester et évaluer mes capacités en montagne en vue de préparer mes objectifs de séjour, à savoir réussir l'ascension du Ventoux, si possible par les trois faces. En effet, trois routes montent jusqu’au sommet : l’une part de Malaucène et arrive au sommet par le Mont Serein et le chalet Liotard, tandis que les deux autres partent de Bédoin et Sault et se rejoignent au chalet Reynard pour monter au sommet par le Sud.

     

    Mon décrassage se passe bien, très bien même puisque je me sens à l’aise et en confiance. Ce qui me frappe en premier c’est la difficulté d’atteindre mes vitesses de croisière habituelles en montée et la facilité avec laquelle je me laisse glisser et je prends une vitesse considérable en quelques secondes de descente. Je m’habitue petit à petit à cet environnement totalement nouveau pour moi, puisque je roule d’ordinaire sur des routes presque totalement plates, et je rebrousse chemin au bout de quelques kilomètres. 

     

    Le lendemain, je réattaque ce même col de la Madeleine pour faire une petite descente jusqu’à la ville de Malaucène où je me surprends à prendre la route du sommet du Ventoux et à redescendre un peu plus loin. 

     

    Mercredi : le grand jour ! 

    Je décide de tenter l'ascension par Sault car elle est réputée être la plus facile à cause de son dénivelé positif plus faible que les deux autres. Je suis donc déposé dans la vallée peu après Sault et les ennuis commencent vite ! Pas échauffé, j’ai tout de suite mal aux jambes, je n’ai même pas fait deux kilomètres…

    Avec le mal de jambes vient une douleur légère aux genoux qui commence à être sérieusement gênante, ce qui ne me facilite pas la tâche, d’autant que le pourcentage de la pente augmente à vue d'œil, et vite !

    Heureusement pour moi, à mesure que je m’échauffe, mes douleurs (uniquement musculaires finalement) disparaissent et me laissent affronter la montagne comme il se doit !

     

    Persiste et signe !

    Les kilomètres défilent alors sous le signe de l’endurance et de la persévérance et si cette montagne m’a appris quelque chose, c’est bien de ne jamais lâcher car peu importe le temps, l’énergie, la souffrance et la sueur que cela coûtera, en définitive, tout ce qui compte c’est le sommet !

    La dernière portion est lunaire et j’ai alors l’impression d’explorer une autre planète… 

     

    Persiste et signe !

    Persiste et signe ! 

    A 1912 m d'altitude

    Et trois jours plus tard : j’y retourne ! 

    Heureux mais loin d'être satisfait par cette première montée (sans descente qui plus est !), je me lance le défi de ce qui deviendra ma plus belle sortie à ce jour au moment où j’écris ces lignes : le mont Ventoux par Malaucène et retour par Bédoin ! 

    Étant cette fois-ci échauffé, cette ascension sera un succès total et je garde un souvenir chargé d’émotion du moment où je passe le dernier lacet, le dernier poteau, le dernier mètre avant le sommet.

    Je suis cette fois frappé par la distance entre deux des derniers lacets qui doit avoisiner les 450 m !

    L’arrivée est (une fois de plus) lunaire et conviviale : tout le monde encourage tout le monde et la bonne entente règne sur l'esplanade !

    Persiste et signe !

    Je redescends sur Bédoin comme un aigle descend de sa montagne à la (pourtant prudente) vitesse de 60 km/h avec la délicieuse impression d’être un avion de chasse dans les virages…

     

    La troisième tentative, par Bédoin, quelques jours plus tard, n’aboutira malheureusement pas et je serai contraint de redescendre au chalet Reynard quelques kilomètres avant le sommet, la météo devenant plus que menaçante et le risque étant bien réel dans la descente du fait que le sommet est enveloppé de nuages opaques.

    Avant d’arriver au niveau des nuages, je décide à contrecœur de faire demi-tour et ce que je vois en me retournant me donne un petit coup de pression et même un peu froid dans le dos : un nuage orageux de plusieurs kilomètres semblable à un immense rouleau compresseur traînant un rideau de pluie au-dessous de lui fonce dans ma direction ! 

    Je m’efforce alors de redescendre le plus rapidement possible au chalet dans l’espoir de m’y abriter alors que je découvre à mon arrivée que celui-ci est fermé !

    Je me couvre et il n’y a plus qu’à foncer et crier “Geronimo !” en espérant arriver à Bédoin assez rapidement pour éviter ce nuage de pluie.

    Hélas au détour d’un virage je tombe droit dans le rideau de pluie !

    Me voilà donc trempé, grelottant et fonçant à toute allure vers Bédoin.

    Ma situation s’améliore alors un peu car je sors de la pluie…. Mais reste le vent qui me glace.  

    Je rentre alors dare-dare à Bédoin puis au mas de vacances, frigorifié mais heureux. 

    Je reste un peu sur ma faim de ne pas avoir pu aller jusqu’au sommet par Bédoin mais je suis quand même satisfait étant donné que je sais que j’aurais eu les jambes pour aller jusqu’en haut.

     

    Cette expérience, ma première en montagne, restera gravée dans ma mémoire et pour l’heure je n’ai qu’une hâte : progresser, et y retourner pour retenter la route de Bédoin. Et qui sait peut-être un jour relever le défi des cinglés !