• Persiste et signe !

     

    Article rédigé par Nathanaël.

     

    Ayant un gabarit poids-plume, il semble que je fasse partie de la catégorie de coureurs que sont les grimpeurs. N’ayant jamais pu faire de sorties en montagne, l’envie me démangeait de me tester !

    Pour les vacances d’avril, j’ai donc suggéré à mes parents la destination de la Provence et plus particulièrement du fameux géant de Provence : j’ai nommé le mythique Mont Ventoux !

     

    Et c’est ainsi qu’au terme d’un voyage en voiture de plusieurs heures, nous arrivâmes au gîte de vacances situé idéalement sur les flancs mêmes du géant !

    Ravi, la première chose que je fis en arrivant (le lendemain, étant donné l’heure tardive de notre arrivée)  fut d’assembler mon vélo et partir en reco au col de la Madeleine, à un peu plus de 400 m d’altitude, afin de me tester et évaluer mes capacités en montagne en vue de préparer mes objectifs de séjour, à savoir réussir l'ascension du Ventoux, si possible par les trois faces. En effet, trois routes montent jusqu’au sommet : l’une part de Malaucène et arrive au sommet par le Mont Serein et le chalet Liotard, tandis que les deux autres partent de Bédoin et Sault et se rejoignent au chalet Reynard pour monter au sommet par le Sud.

     

    Mon décrassage se passe bien, très bien même puisque je me sens à l’aise et en confiance. Ce qui me frappe en premier c’est la difficulté d’atteindre mes vitesses de croisière habituelles en montée et la facilité avec laquelle je me laisse glisser et je prends une vitesse considérable en quelques secondes de descente. Je m’habitue petit à petit à cet environnement totalement nouveau pour moi, puisque je roule d’ordinaire sur des routes presque totalement plates, et je rebrousse chemin au bout de quelques kilomètres. 

     

    Le lendemain, je réattaque ce même col de la Madeleine pour faire une petite descente jusqu’à la ville de Malaucène où je me surprends à prendre la route du sommet du Ventoux et à redescendre un peu plus loin. 

     

    Mercredi : le grand jour ! 

    Je décide de tenter l'ascension par Sault car elle est réputée être la plus facile à cause de son dénivelé positif plus faible que les deux autres. Je suis donc déposé dans la vallée peu après Sault et les ennuis commencent vite ! Pas échauffé, j’ai tout de suite mal aux jambes, je n’ai même pas fait deux kilomètres…

    Avec le mal de jambes vient une douleur légère aux genoux qui commence à être sérieusement gênante, ce qui ne me facilite pas la tâche, d’autant que le pourcentage de la pente augmente à vue d'œil, et vite !

    Heureusement pour moi, à mesure que je m’échauffe, mes douleurs (uniquement musculaires finalement) disparaissent et me laissent affronter la montagne comme il se doit !

     

    Persiste et signe !

    Les kilomètres défilent alors sous le signe de l’endurance et de la persévérance et si cette montagne m’a appris quelque chose, c’est bien de ne jamais lâcher car peu importe le temps, l’énergie, la souffrance et la sueur que cela coûtera, en définitive, tout ce qui compte c’est le sommet !

    La dernière portion est lunaire et j’ai alors l’impression d’explorer une autre planète… 

     

    Persiste et signe !

    Persiste et signe ! 

    A 1912 m d'altitude

    Et trois jours plus tard : j’y retourne ! 

    Heureux mais loin d'être satisfait par cette première montée (sans descente qui plus est !), je me lance le défi de ce qui deviendra ma plus belle sortie à ce jour au moment où j’écris ces lignes : le mont Ventoux par Malaucène et retour par Bédoin ! 

    Étant cette fois-ci échauffé, cette ascension sera un succès total et je garde un souvenir chargé d’émotion du moment où je passe le dernier lacet, le dernier poteau, le dernier mètre avant le sommet.

    Je suis cette fois frappé par la distance entre deux des derniers lacets qui doit avoisiner les 450 m !

    L’arrivée est (une fois de plus) lunaire et conviviale : tout le monde encourage tout le monde et la bonne entente règne sur l'esplanade !

    Persiste et signe !

    Je redescends sur Bédoin comme un aigle descend de sa montagne à la (pourtant prudente) vitesse de 60 km/h avec la délicieuse impression d’être un avion de chasse dans les virages…

     

    La troisième tentative, par Bédoin, quelques jours plus tard, n’aboutira malheureusement pas et je serai contraint de redescendre au chalet Reynard quelques kilomètres avant le sommet, la météo devenant plus que menaçante et le risque étant bien réel dans la descente du fait que le sommet est enveloppé de nuages opaques.

    Avant d’arriver au niveau des nuages, je décide à contrecœur de faire demi-tour et ce que je vois en me retournant me donne un petit coup de pression et même un peu froid dans le dos : un nuage orageux de plusieurs kilomètres semblable à un immense rouleau compresseur traînant un rideau de pluie au-dessous de lui fonce dans ma direction ! 

    Je m’efforce alors de redescendre le plus rapidement possible au chalet dans l’espoir de m’y abriter alors que je découvre à mon arrivée que celui-ci est fermé !

    Je me couvre et il n’y a plus qu’à foncer et crier “Geronimo !” en espérant arriver à Bédoin assez rapidement pour éviter ce nuage de pluie.

    Hélas au détour d’un virage je tombe droit dans le rideau de pluie !

    Me voilà donc trempé, grelottant et fonçant à toute allure vers Bédoin.

    Ma situation s’améliore alors un peu car je sors de la pluie…. Mais reste le vent qui me glace.  

    Je rentre alors dare-dare à Bédoin puis au mas de vacances, frigorifié mais heureux. 

    Je reste un peu sur ma faim de ne pas avoir pu aller jusqu’au sommet par Bédoin mais je suis quand même satisfait étant donné que je sais que j’aurais eu les jambes pour aller jusqu’en haut.

     

    Cette expérience, ma première en montagne, restera gravée dans ma mémoire et pour l’heure je n’ai qu’une hâte : progresser, et y retourner pour retenter la route de Bédoin. Et qui sait peut-être un jour relever le défi des cinglés !

     

     


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