• "Je n'ai jamais été très doué pour les examens. Non pas que je fusse ce qu'on appelle un mauvais élève. Quand je devinais ce qu'on espérait de moi - eh bien, je le donnais. Je faisais de l'art d'apprendre un art très subtil de l'offrande : il faut donner à l'autre ce qu'il attend pour lui, non ce que vous souhaitez pour vous. Ce qu'il espère, non ce que vous êtes. Car ce qu'il espère, ce n'est jamais ce que vous êtes, c'est toujours autre chose. J'ai donc appris très tôt à donner ce que je n'avais pas. L'écriture a dû commencer comme ça. L'écriture, l'amour et le reste. Sûrement. J'obtenais ainsi de bonnes notes en français. Pour les autres matières, j'étais contraint de tout apprendre par coeur : mon ennui - et le défaut de mémoire qui s'ensuivait - me mettait trop en péril. Pas d'autre solution que le mot à mot privé de sens, bien entendu. J'apprenais l'imitation de l'intelligence, l'imitation de l'intérêt, l'imitation de la vie. J'apprenais comme tout le monde à mentir, à grandir. Qu'est-ce que c'est un adulte. C'est quelqu'un qui est absent de sa parole comme de sa vie - et qui le cache. C'est quelqu'un qui ment. Il ment non sur telle ou telle chose, mais sur ce qu'il est. Un enfant devient adulte quand il est capable d'un tel mensonge profond, essentiel."

    Christian Bobin dans Eloge du rien (éditions Fata Morgana, 1990)

    Cette "imitation de l'intelligence" fait écho chez moi. L'apprentissage par coeur de cours aussitôt recrachés-aussitôt oubliés, m'a toujours permis, avec une moyenne moyenne de franchir les échelons scolaires, sans grosse difficulté, sans curiosité, à de rares occasions avec intérêt. Elève étiquetée timide, jeune fille presque transparente, adulte à la culture générale faible, il m'a fallu le recul et les expériences de ces dernières années pour prendre corps dans ma vie, commencer à l'explorer et à apprendre au côté de mon conjoint et des mes enfants, oser faire des choix personnels différents qui m'ont permis de me construire "réellement".

    « Ce qui me paraît le plus insupportable — et c'est aussi ce que fait notre société — c'est que l'école me séparait de moi-même. Ce n'était pas d'une personne, mais de moi-même, dans le vagabondage des heures, des humeurs. C'était ça dont j'étais séparé. » (Christian Bobin)

    Voici une transition toute trouvée pour introduire le documentaire suivant : Les enfants de Summerhill, de Bernard Kleindienst.

      


  • En mode slam :

      


  • Témoignage d'un jeune adulte non-scolarisé avant le lycée. Rétrospective, partage d'expérience, réflexions et analyses personnelles.

    D’une expérience d’apprentissage libre et des réflexions qu’elle m’a amené à construire

    Le témoignage d’un déscolarisant

    lundi 14 mai 2007

     

    Alors que la grande majorité des occidentaux sont scolarisés dès leur plus jeune âge, j’ai vécu les seize premières années de ma vie en dehors de l’institution scolaire. J’ai ensuite rejoint le lycée où j’ai passé trois ans. Je crois ainsi avoir vécu une expérience intéressante que je me propose de partager avec vous. Je voudrais tout d’abord témoigner de mon parcours, puis vous faire part de quelques réflexions sur l’école et la déscolarisation que j’ai eu l’occasion de construire progressivement au cours de ces dernières années.

    Mon parcours

    Jusqu’à l’âge de 16 ans, j’ai vécu ce que j’appellerai un apprentissage libre (« unschooling » en anglais) : je n’ai suivi aucun cours, ni en classe, ni par correspondance. Bien que peu connue, cette pratique est tout à fait légale en France, où, si l’instruction est obligatoire, l’école ne l’est pas (loi du 28 mars 1882 modifiée et ordonnance n° 59-45 du 6 janvier 1959 relative à l’obligation scolaire). Mes parents ont simplement déclaré à l’Inspection Académique que j’étais « instruit dans la famille ». Un inspecteur venait alors plus ou moins régulièrement vérifier que je possédais des connaissances acceptables. Lorsque j’ai vécu cette expérience, il était censé me visiter durant les années de CP, de sixième et de troisième. Depuis peu, il est supposé effectuer ses contrôles chaque année. Cependant, ses visites se font plutôt selon son bon plaisir, lorsqu’il en prend le temps.

    Au début, ce choix de ne pas me scolariser fut celui de mes parents, et en particulier de ma mère, titulaire d’une licence d’allemand qui a beaucoup lu et réfléchi sur l’éducation, notamment lors d’une année de fac de psychologie au cours de laquelle elle avait suivi des cours de sciences de l’éducation et de psychologie de l’enfant et avait travaillé sur Pour une société sans école d’Ivan Illich. Lors de ma naissance, elle s’intéressait à la pensée de Maria Montessori selon laquelle les enfants sont capables de faire comprendre à leurs parents ce dont ils ont besoin. Or mes parents n’avaient pas ressenti de ma part de signes montrant que je souhaitais aller à l’école. L’expérience de professeur de français de mon père, maître ès lettres modernes a dû aussi contribuer à ce choix : il a en effet démissionné de son poste lorsqu’il s’est rendu compte que ses élèves n’avaient aucune envie d’apprendre : il ne considérait pas que son rôle était de les forcer à s’intéresser à quelque chose qui ne les intéressait pas. Cependant, mes parents me demandaient chaque année si je désirais aller à l’école.

    J’étais ainsi « instruit dans la famille » et je ne subissais aucune contrainte quant à l’instruction. Je veux dire par là que l’on me m’imposait ni matière à travailler, ni horaires durant lesquels travailler. C’était donc ma curiosité naturelle qui me poussait à m’intéresser aux choses. Enfant, je me suis ainsi passionné pour les trains : je lisais des revues sur ce sujet, dessinais des trains et calculais leur échelle... Mes passions étaient les moteurs d’un processus d’apprentissage dont j’étais maître.

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  • Petite balade dans le monde de l' IEF, par Claudia Renau.

    Ecole à la maison : Ces familles qui choisissent de vivre sans école

     

    Ces familles qui choisissent de vivre sans école

    Actuellement en France, environ 30 000 enfants de 6 à 16 ans* (soit 0,3 % des jeunes en âge d’aller à l’école) ne se rendent pas tous les matins dans un établissement scolaire. Pour certaines familles, l’instruction en famille est un choix par défaut (maladie, handicap), pour d’autres, un choix mûrement réfléchi et assumé. Sur 27 000 enfants scolarisés dans les établissements à distance, 20 000 le sont au CNED et 7000 dans les cours privés. Enfin, près de 3000 enfants sont instruits dans la famille et ne suivent pas a priori de programme scolaire, comme le leur permet la loi. Il faut ajouter environ 3000 enfants de 3 à 6 ans et « un certain nombre » de plus de 16 ans.

    Pourquoi ce choix?

    Certains parents déscolarisent leur enfant en cours d’année parce qu’il s’avère être en souffrance (car trop « lent », ou trop rapide, trop rêveur, ayant perdu confiance en lui et ses capacités) dans le système traditionnel. D’autres n’inscrivent pas leur enfant suite à une longue réflexion sur l’éducation : « L’appétit d’apprendre d’un tout petit lui a permis de marcher, parler, boutonner ses vêtements : le laisser continuer ses apprentissages à son rythme permet de préserver sa curiosité et sa confiance en lui » observe une mère. « Lorsque j’ai vécu aux Etats-Unis, j’y ai rencontré des adolescents jamais scolarisés qui m’ont donné envie de ne pas envoyer mes enfants à l’école ; ils étaient souvent plus autonomes, débrouillards, à l’aise », dit cette mère récemment installée en France.

    Plusieurs tendances

    Plusieurs tendances existent parmi les parents qui ne choisissent pas l’école, dont la démarche est souvent qualifiée d’ »instruction en famille » (IEF), d’ »école à la maison » ou homeschooling : certains veulent offrir un enseignement stimulant à leur enfant. D’autres ne veulent faire « ni école (puisqu’on suit les demandes de son enfant) ni à la maison (puisqu’il n’y a pas de lieu particulier pour apprendre) » comme le fait remarquer une mère de trois filles : ces derniers préfèrent le terme d’apprentissage autonome ou auto-géré, apprentissage informel, life learning ou unschooling. Entre ces deux façons d’envisager la façon d’apprendre des enfants, une multitude de nuances existe selon les préférences familiales. Certains acquièrent du matériel mais ne l’utilisent guère : « Je me suis procuré beaucoup de matériel Montessori, ça me rassurait de l’avoir, mais les enfants m’ont appris à partir de leurs questions à eux » témoigne une mère de trois enfants de 6 à 10 ans. D’autres « s’éclatent en utilisant du matériel inventif conçu sous l’impulsion de familles innovantes et curieuses, comme la méthode de mathématiques des frères Lyons« , précise une mère de 6 enfants. 

    Aux Etats-Unis, certains homeschoolers mettent également en avant leurs croyances religieuses. Mais contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas tant la crainte de voir abordé l’évolutionnisme à la Darwin qui motive le refus des fondamentalist christians que l’importance pour eux d’une éducation en famille, parfois plus sévère qu’à l’école d’ailleurs. La plupart des Etats d’outre-atlantique ont accepté facilement d’assouplir l’obligation scolaire qui existait avant les années 1970, par respect des choix individuels de chacun.

    Quels reproches font-ils à l’école?

    « La question ne se pose pas en ces termes » s’agacent certains : beaucoup de parents rencontrés ne veulent pas se positionner par rapport à l’école. Ils affichent certes une philosophie éducative différente, mais leur choix n’est pas contre l’école.

    Néanmoins, certains formulent des reproches précis et locaux concernant l’école de leur quartier : ils parlent de la violence de la cour de récréation, du bruit, du nombre important d’enfants par classe qui leur semble empêcher une relation de qualité avec l’enseignant. La plupart regrettent la faible place faite aux parents par l’école : ils ne veulent pas confier leur enfant 6 ou 8h par jour à quelqu’un qu’ils n’ont pas choisi et avec lequel ils ne peuvent guère interagir.

    Certains vont jusqu’à critiquer l’institution scolaire en elle-même, en ce qu’elle habitue les enfants à être passifs face au savoir puisque c’est le maître qui enseigne un programme conçu sans les élèves. « Les enfants apprennent d’autant mieux qu’on ne leur enseigne pas » témoigne cette mère de trois enfants de 25, 21 et 15 ans jamais scolarisés. « Lorsque vous posez une question, vous êtes en train d’enseigner ; lorsque l’enfant pose une question, il est en train d’apprendre », ajoute t’elle. Ces parents critiquent les notations : ils estiment que l’enfant n’a pas besoin de ces carottes et bâtons artificiels pour grandir puisqu’a été préservé son désir spontané d’apprendre. Ils ne veulent pas de la course à la performance qu’implique l’école qui, pour les plus critiques, est le fondement de la course à la consommation de notre société, via frustrations et prescriptions extérieures à soi.

     

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  • On ne peut s'empêcher en voyant Nathanaël chaque jour se muter en dinosaure...

                       

    ... de penser à Calvin ! 

     

     

    Joshua fait de son mieux pour être aussi terrifiant mais on a plutôt quand même envie de le bisouiller, non ?

     

     





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