• Petite balade dans le monde de l' IEF, par Claudia Renau.

    Ecole à la maison : Ces familles qui choisissent de vivre sans école

     

    Ces familles qui choisissent de vivre sans école

    Actuellement en France, environ 30 000 enfants de 6 à 16 ans* (soit 0,3 % des jeunes en âge d’aller à l’école) ne se rendent pas tous les matins dans un établissement scolaire. Pour certaines familles, l’instruction en famille est un choix par défaut (maladie, handicap), pour d’autres, un choix mûrement réfléchi et assumé. Sur 27 000 enfants scolarisés dans les établissements à distance, 20 000 le sont au CNED et 7000 dans les cours privés. Enfin, près de 3000 enfants sont instruits dans la famille et ne suivent pas a priori de programme scolaire, comme le leur permet la loi. Il faut ajouter environ 3000 enfants de 3 à 6 ans et « un certain nombre » de plus de 16 ans.

    Pourquoi ce choix?

    Certains parents déscolarisent leur enfant en cours d’année parce qu’il s’avère être en souffrance (car trop « lent », ou trop rapide, trop rêveur, ayant perdu confiance en lui et ses capacités) dans le système traditionnel. D’autres n’inscrivent pas leur enfant suite à une longue réflexion sur l’éducation : « L’appétit d’apprendre d’un tout petit lui a permis de marcher, parler, boutonner ses vêtements : le laisser continuer ses apprentissages à son rythme permet de préserver sa curiosité et sa confiance en lui » observe une mère. « Lorsque j’ai vécu aux Etats-Unis, j’y ai rencontré des adolescents jamais scolarisés qui m’ont donné envie de ne pas envoyer mes enfants à l’école ; ils étaient souvent plus autonomes, débrouillards, à l’aise », dit cette mère récemment installée en France.

    Plusieurs tendances

    Plusieurs tendances existent parmi les parents qui ne choisissent pas l’école, dont la démarche est souvent qualifiée d’ »instruction en famille » (IEF), d’ »école à la maison » ou homeschooling : certains veulent offrir un enseignement stimulant à leur enfant. D’autres ne veulent faire « ni école (puisqu’on suit les demandes de son enfant) ni à la maison (puisqu’il n’y a pas de lieu particulier pour apprendre) » comme le fait remarquer une mère de trois filles : ces derniers préfèrent le terme d’apprentissage autonome ou auto-géré, apprentissage informel, life learning ou unschooling. Entre ces deux façons d’envisager la façon d’apprendre des enfants, une multitude de nuances existe selon les préférences familiales. Certains acquièrent du matériel mais ne l’utilisent guère : « Je me suis procuré beaucoup de matériel Montessori, ça me rassurait de l’avoir, mais les enfants m’ont appris à partir de leurs questions à eux » témoigne une mère de trois enfants de 6 à 10 ans. D’autres « s’éclatent en utilisant du matériel inventif conçu sous l’impulsion de familles innovantes et curieuses, comme la méthode de mathématiques des frères Lyons« , précise une mère de 6 enfants. 

    Aux Etats-Unis, certains homeschoolers mettent également en avant leurs croyances religieuses. Mais contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas tant la crainte de voir abordé l’évolutionnisme à la Darwin qui motive le refus des fondamentalist christians que l’importance pour eux d’une éducation en famille, parfois plus sévère qu’à l’école d’ailleurs. La plupart des Etats d’outre-atlantique ont accepté facilement d’assouplir l’obligation scolaire qui existait avant les années 1970, par respect des choix individuels de chacun.

    Quels reproches font-ils à l’école?

    « La question ne se pose pas en ces termes » s’agacent certains : beaucoup de parents rencontrés ne veulent pas se positionner par rapport à l’école. Ils affichent certes une philosophie éducative différente, mais leur choix n’est pas contre l’école.

    Néanmoins, certains formulent des reproches précis et locaux concernant l’école de leur quartier : ils parlent de la violence de la cour de récréation, du bruit, du nombre important d’enfants par classe qui leur semble empêcher une relation de qualité avec l’enseignant. La plupart regrettent la faible place faite aux parents par l’école : ils ne veulent pas confier leur enfant 6 ou 8h par jour à quelqu’un qu’ils n’ont pas choisi et avec lequel ils ne peuvent guère interagir.

    Certains vont jusqu’à critiquer l’institution scolaire en elle-même, en ce qu’elle habitue les enfants à être passifs face au savoir puisque c’est le maître qui enseigne un programme conçu sans les élèves. « Les enfants apprennent d’autant mieux qu’on ne leur enseigne pas » témoigne cette mère de trois enfants de 25, 21 et 15 ans jamais scolarisés. « Lorsque vous posez une question, vous êtes en train d’enseigner ; lorsque l’enfant pose une question, il est en train d’apprendre », ajoute t’elle. Ces parents critiquent les notations : ils estiment que l’enfant n’a pas besoin de ces carottes et bâtons artificiels pour grandir puisqu’a été préservé son désir spontané d’apprendre. Ils ne veulent pas de la course à la performance qu’implique l’école qui, pour les plus critiques, est le fondement de la course à la consommation de notre société, via frustrations et prescriptions extérieures à soi.

     

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