• La mine fait son cinéma

    Plongés dans l'études du XIXème siècle, c'est à travers la littérature, les sciences et les arts que nous explorons ses bouleversements politiques, ses révolutions, ses milieux sociaux, ses évolutions scientifiques, technologiques.

    Vivant dans le "pays noir", la mine est un élément emblématique. Il y a 3 ans, nous découvrions le Centre minier de Lewarde, ses chevalements, sa salle des pendus et les reconstitutions de galeries. Nous avons aussi eu plusieurs fois l'occasion au cours de ces dernières années d'arpenter les terrils environnants, en randonnée, en défi ludique ou en sortie découverte de leur biodiversité.

    Cette année, ce sont les mots d'Emile Zola dans son Germinal et l'adaptation du roman au cinéma réalisée par Claude Berri qui nous ont ramenés à la mine et dans le quotidien des ouvriers. 

    Nous sommes également retournés à Lewarde pour une projection spéciale de films rares : les premiers films miniers. 

     

    C'est en compagnie de la maîtresse de conférences Nadège Mariotti que nous avons découvert 3 films muets, accompagnés musicalement en direct par un accordéoniste. Après une introduction sur le mode de diffusion des films au début du XXème siècle, nous visionnons Au pays noir, de Ferdinand Zecca et Lucien Nonguet (1905), première fiction sur la mine. Tourné en studio et construit comme au théâtre en tableaux, nous y découvrons un scénario simple, que l'on peut suivre grâce à des intertitres. Les premiers trucages à la Méliès nous font sourire. Chaque film minier comporte en effet une scène de catastrophe que les réalisateurs tentent de représenter au mieux avec les moyens de l'époque. 

    Puis nous découvrons Le feu à la mine, de Léonce Perret (1911), film restauré en 2003 dont nous pouvons apprécier immédiatement la qualité d'image par rapport au film précédent. Cette fois-ci le décors est naturel et les femmes commencent à avoir une place plus importante dans le scénario. 

    Après ces deux courts-métrages (14 minutes), nous passons à la pièce de résistance avec Au pays des ténèbres, de Victorin Hippolyte Jasset (1911). Inspiré de l'œuvre Jeunesse du peintre Pierre Paulus, du roman Germinal de Zola et de la catastrophe de Courrières, ce film de plus de 30 minutes, va encore plus loin dans le décor naturel, dans l'étoffement de l'intrigue, dont il souligne l'atmosphère par des filtres de couleur aux moments clefs de l'histoire. On y voit aussi apparaître un générique avec les premières vedettes, signe de la popularité croissante du cinéma, accessible à tous, lieu de rencontres, de divertissement et d'information. 

     

    La projection finie, un temps de dialogue entre le public et la conférencière nous a permis d'écouter le récit très émouvant d'un ancien mineur descendu dans la fosse pour la première fois à l'âge de 14 ans, témoin au cours de sa carrière de catastrophes dont les films se sont faits l'écho. Un autre monsieur, ancien projectionniste, nous a raconté la vie du cinéma dans les villages, les projections itinérantes, les bobines mutualisées... Un témoignage qui m'a donné envie de revoir quelques jours plus tard le si beau film Cinema Paradiso, de Giuseppe Tornatore (1988), qui malgré un grand bond dans le temps (années 40-50), raconte aussi l'Histoire à travers ce village sicilien et le lien fort que ses habitants entretiennent avec le cinéma. Le film a bien plu à Joshua :)

     


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