• Je possède une banque d'images variées que j'ai également plastifiée pour qu'elle ne s'abîme pas sur la durée, au fil des manipulations. Ces images peuvent servir, selon l'âge de l'enfant, à toutes sortes d'activités de discrimination auditive ou visuelle (trouver un son, une couleur...), de catégorisation (trouver les animaux, les aliments, les instruments de musique, ...), de langage (inventer une histoire à partir des éléments des images), de structuration de la journée (météo, vêtements, sorties). Bref une ressource multifonction fréquemment utilisée !

    Afin de poursuivre la découverte de la lecture, j'ai donc sélectionné parmi ces images un échantillon pouvant se transcrire assez simplement. J'ai tapé et imprimé les mots correspondant aux images et ai proposé à Nathanaël de lire ces étiquettes et de les associer aux images, groupées par quatre. La découverte a amusé Nathanaël, qui a réussi à décoder ces premiers mots, soutenu par mes encouragements, l'attention de son petit frère et une confiance en lui grandissante. Si bien qu'après deux groupes de mots, se sentant plus à l'aise, il a voulu me faire des "blagues" et mettre les mots correctement lus devant la mauvaise image. Content de lui, il riait tout seul (et moi de faire : "Rhooo ! Mais quel coquin ! Ce n'est pas un haricot, c'est un piano !!").

    Lecture de mots simples                  Lecture de mots simples

      

    La fois suivante, lorsque j'ai voulu lui reproposer cette activité, j'ai senti qu'il était moins enthousiaste (à part pour les blagues), qu'un travail répétitif et scolaire ne l'intéresserait pas. Alors j'ai cherché ce qui pourrait avoir du sens pour lui. Il y a les livres bien sûr, mais pour des phrases complètes, c'est encore trop tôt et la lecture à deux voix, moi lisant certains mots et lui les plus simples, ne le motive pas car il est à fond dans l'histoire (même s'il la connaît par coeur) et veut se laisser porter vers son aboutissement sans effort.

    De l'écrit, de l'écrit, ... où trouver de l'écrit dans notre quotidien vers lequel diriger son intérêt ?? J'ai repensé aux premiers mots qu'il avait lus, ceux des emballages alimentaires et je me suis dit que c'était une bonne piste pour s'entraîner aux basiques en s'amusant. Alors aujourd'hui, j'ai ouvert son "petit magasin" : un placard reconverti sur lequel sont disposées les marchandises, collecte d'emballages initialement destinés au recyclage. On y trouve ainsi des oeufs, du fromage, du jus, de la farine, du riz, des pâtes... et plus encore ! J'ai encore une fois sélectionné les aliments les plus simples à transcrire et ai écrit manuellement les noms sur du papier, avec les lettres qui dorment en rouge évidemment. Nathanaël a remarqué que le "e" était souvent paresseux et dormait beaucoup ! Il a ensuite souhaité découper lui-même ces étiquettes et les coller directement sur les produits. Bonne idée, puisque généralement ici les noms sont écrits en hongrois ou en allemand, au moins les clients du magasin sauront de quoi il s'agit ! Il a encore une fois bien déchiffré les neuf mots inscrits et les a soigneusement collés sur les emballages. Satisfait de ce travail, il a ensuite remis en rayon les produits avant de poursuivre l'inventaire un autre jour.

    Lecture de mots simples Lecture de mots simples

    Lecture de mots simples Lecture de mots simples

     


  • Bon, nous avons donc les consonnes d'un côté, les voyelles de l'autre. Faisons un tableau pour les avoir toutes sous la main, et pour bien les repérer, utilisons un code couleur. Nathanaël choisit le bleu pour les consonnes et le vert pour les voyelles. J'imprime, je plastifie, je découpe. Nous voici prêts à composer des mots !

    Ayant vu précédemment qu'il était parfois difficile de prononcer plusieurs consonnes d'affilée, je propose à Nathanaël de choisir une consonne et de lui faire rencontrer les voyelles, l'une après l'autre. Il sélectionne la lettre p et décode p+a => pa, p+e => pe, p+i => pi, etc. Puis je lui fais remarquer que cela peut-être le début d'un mot : papa, pot, pipi, pie... On y ajoute parfois une lettre silencieuse (ah ! délicieuse langue française !). Ces lettres que nous ne prononçons pas, nous les appelons "les lettres qui dorment". Nathanaël a choisi le code couleur rouge pour les repérer (ce qui aurait été, personnellement, la dernière couleur que j'aurais choisie ! J'aurais pris quelque chose de très discret... et pourtant cela fonctionne, il a parfaitement intégré le code ! Parce que c'est SON code). Pour aller au bout de l'image, nous avons construit un petit lit pour ranger ces lettres...  

    Les lettres m, z, f, s et d'autres sont venues également se frotter aux voyelles et Nathanaël n'a pas eu de difficulté avec cette étape de la combinatoire des phonèmes. Il a aussi trouvé amusant de me défier de lire des "mots" interminables, composés par ses soins d'une multitude de consonnes et voyelles.

    Combinatoire Combinatoire

    J'ai ensuite repris dans un document toutes les syllabes et mots (existants) ainsi découverts pour en garder une trace et en faire un document ressource pour lui, consultable à l'envie, au besoin.


  • Pour continuer sur la (re)connaissance des lettres, j'ai expliqué à Nathanaël qu'il y avait deux familles : les consonnes et les voyelles. Les voyelles se caractérisent dans la langue française par une certaine ouverture de la bouche laissant passer l'air et le son sans obstacle (dent, langue). Nous nous sommes donc amusés à les prononcer plusieurs fois en articulant au maximum. Joshua s'est aussi prêté au jeu, ravi. La suite mélodique des voyelles a ainsi été mémorisée (*avec le y qui joue double-jeu selon le son qu'il produit...)

    Puis je leur ai montré sur mon clavier à quoi pouvaient bien servir les voyelles. J'ai écrit une suite de consonnes et les ai lues (enfin, j'ai tenté, dans le genre serbe complexifié : gfrplstqvbn), ce qui a provoqué des éclats de rire chez les enfants qui en demandaient encore. Mais à un moment donné, fini de rire, j'ai introduit les voyelles, qui pour notre plus grand soulagement, nous permettent de composer des mots prononçables dans notre langue (ce qui n'est aucunement une gageure contre les postillons, attention !).

    Continuant à dérouler le fil, j'ai proposé à Nathanaël de faire une chasse aux lettre sur une feuille sur laquelle j'avais imprimé pêle-mêle consonnes et voyelles. Il a choisi le code pour l'avenir : les voyelles seront vertes, les consonnes bleues (et les lettres qui dorment rouges, mais j'y reviendrai dans un autre article). Il a donc, muni de ses lassos-feutres bleu et vert, attrapé les voyelles et les consonnes. A chaque lettre qu'il capturait, je lui demandais aussi son nom, ce qui m'a permis en quelques minutes de faire le bilan des lettres qu'il ne reconnaissait pas encore.

    Pour ces lettres qu'il n'arrivait pas à nommer, je lui ai proposé de jouer à les déguiser. Je lui ai tracé sur une feuille un e, un j, un g, un u pour commencer et ai lancé l'idée que le e me faisait penser à un escargot par exemple. Alors Nathanaël, emballé, a repassé sur mon trait la lettre qui désormais avait un corps allongé, des cornes et une coquille. A l'aide de feutres et de gommettes, chaque lettre a ainsi pris la forme de quelque chose de parlant pour lui, sans qu'il y ait de rapport avec le son produit par la lettre. Depuis, nous parlons du "u toboggan", du "j parapluie" et du "g clown". Quelques temps plus tard sont venus se joindre le "t piscine" et le "f mur d'escalade".

    Consonne-voyelle Consonne-voyelle

                                                                         Mon chouchou !

      

    Enfin, une autre fois, j'ai imprimé toutes les lettres de l'alphabet et Nathanaël les a ramenées dans leur maison : une maison bleue pour les consonnes, une maison verte pour les voyelles. Il a dessiné, découpé et tout collé lui-même (enfin, Joshua a quand même eu le privilège d'en placer deux...).

    Consonne-voyelle Consonne-voyelle

      

    Depuis, les lettres se sentent bien chez elles en famille mais attendent avec impatience la prochaine sortie où elles pourront faire des rencontres, se mélanger et composer tous les mots que l'imagination peut aller chercher !

     


  • Je ne saurais pas dire quand exactement cela a commencé... Probablement que tout y prépare les enfants dans notre univers baigné dans les symboles, qu'il s'agisse d'images ou d'écriture.

    Je me souviens du moment clé où Nathanaël a repéré pour la première fois dans un livre ces drôles d'images colorées qu'il ne reconnaissait pas. Il s'agissait du livre Toutes les couleurs, d'Alex Sanders, dans lequel chaque nom de couleur est écrit avec la couleur qu'il représente. Je lui ai donc expliqué qu'il s'agissait de mots, formés de lettres qui faisaient des sons. J'ai nommé chaque lettre pour chaque couleur et ai mis l'emphase alors sur la lettre o, qui ressemble à une bulle et est facile à repérer et à prononcer. Nous l'avons remarquée dans d'autres livres. Et puis c'est tout. Nathanaël devait avoir environ 2 ans et demi.

      

    Un peu plus tard, il a écouté la chanson de l'alphabet et a reçu  divers cadeaux sur le sujet : un puzzle, un livre accompagné d'un abécédaire que nous avons affiché dans sa chambre, un camion-abécédaire audio dans lequel on glisse des lettres par une fente et qui prononce la lettre ainsi que le nom de l'objet représenté dessus. Lui et son petit frère ont eu une phase de grand intérêt et peu de compassion pour nos oreilles et pour ce pauvre camion qui chantait en boucle...

      

    Nathanaël a aussi clavioté parfois sur notre ordinateur, inventant des messages ou tapant le plus vite possible toutes les lettres.

      

    De tout cela, ajouté aux livres présents dans la maison et aux histoires lues chaque jour, est survenue il y a peu de mois cette question : "Maman, comment est-ce qu'on apprend à lire ?"

    Alors Maman, avec un grand sourire, lui a expliqué que dans les histoires, il y a des mots, dans les mots, il y a des lettres, que chaque lettre fait une chanson, par exemple le A fait "aaaaaaaa"... Mais Nathanaël m'a alors interrompue. "Je sais, je sais ! Mais moi je ne les reconnais pas les lettres quand elles sont en petit dans les histoires !!! Peut-être qu'il faudrait que j'essaye avec ma loupe..."

    J'ai alors compris qu'il connaissait les lettres majuscules mais pas les minuscules qu'il avait à présent repérées. Evidemment, avant de pouvoir lire, il faut reconnaître les lettres ! Puisque la demande (et la frustration) venait de lui, j'ai donc décidé d'attaquer par là.

    Sur l'ordinateur, j'ai fait, Nathanaël à mes côtés, un tableau contenant toutes les lettres de l'alaphabet, écrites en minuscules. Et dans chaque case, dès que l'apprenti lecteur appuyait sur la touche "Enter", la lettre minuscule se transformait en lettre majuscule, lui permettant de découvrir comme par magie de quelle lettre il s'agissait. J'ai ensuite imprimé ce tableau de correspondance lettres minuscules-lettres majuscules et l'ai affiché dans sa chambre.

    Puis je lui ai proposé de tamponner les lettres qu'il reconnaissait et qu'il s'entraîne aussi avec son tableau pour modèle à retrouver celles qu'il ne connaissait pas.

    Je lui ai aussi montré dans les livres que je lui lisais deux petits mots faciles à lire et qui reviennent souvent : le et la. Il était tout fier de pouvoir ainsi participer un peu à la lecture.

    Et enfin, c'est lui seul qui un beau matin, au moment du petit déjeuner, s'est mis à repérer des mots sur les emballages et à essayer de les lire. Comme il était motivé, je lui ai pointé les plus accessibles à lire (phonèmes simples), en faisant aussi le tri avec les mots hongrois : Mizo, Cora, bio, soja, Alpro, cacao, Borsodi... Il fallait voir la lumière de satisafaction et la fierté dans ses yeux à chaque mot prononcé !!

      

    J'ai réfléchi à l'étape suivante pour poursuivre l'apprentissage désiré avec le même élan...

      

     


  •  

    Nathanaël aimerait déjà pouvoir conduire une voiture (et un camion, et un train, et puis un avion, et une navette...). Je lui ai expliqué qu'il devait encore grandir pour que ses jambes puissent toucher les pédales, ses bras le volant et qu'il soit assez haut pour pouvoir regarder la route. Et puis il y a aussi tous les panneaux de signalisation qu'il faut savoir lire et comprendre.

    Certains de ces panneaux, comme celui du Parking, sont connus. Mais voilà que bien pressé, il veut tous les connaître et les remarque lors de nos promenades, en demande le sens. L'occasion aujourd'hui de constater que rien que notre rue en est parsemée tous les cinq mètres !

    Pour l'aider dans le décodage et lui en faire deviner le sens, 3 pistes :

    - la couleur 

    - la forme

     - les dessins, chiffres, lettres

     

     Il a compris qu'un panneau bleu veut dire qu'il est permis de faire quelque chose (aller tout droit, tourner à droite, marcher à cet endroit...), tandis qu'un panneau rouge exprime l'interdiction (sens interdit, interdit de stationner, de tourner...).

     Nous avons vu aujourd'hui des panneaux triangulaires. Je lui ai dit que cette forme de panneau voulait dire "Attention !" pour le conducteur, que généralement, il devait ralentir sa vitesse (dos d'âne, piétons ou animaux qui traversent...).

     Enfin, il a pu interpréter assez facilement les panneaux comportant un dessin, comme les piétons qui traversent, les bosses sur la route, le stationnement pour le spersonnes handicapées (nous avons même vérifié que ce même symbole était affiché dans la voiture stationnée), les informations complétant un panneau d'interdiction, comme la livraison devant un magasin. Les chiffres associés à une vitesse sont encore difficiles à lire seul mais le sens est compris. Quant aux lettres, le P de parking est intégré, celles du STOP repérées et assimilées au sens de ce panneau.

                                         

    Prêt pour le permis !

     

    A présent, il s'estime prêt à passer son permis  

    En attendant, nous lui avons offert quelques panneaux de signalisation en bois pour son tapis de petites voitures... Et il réinvestit ses connaissances à bon escient, en dessinant par exemple un panneau d'interdiction de fumer à côté du cendrier de sa grand-mère.

     

      





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