Pour Nathanaël, finis les m,nasdlkjroieutéoejsbfs.khfbliegéijflJMFIhs ! A présent, quand il reçoit un mail sur ma boîte, c'est consciencieusement qu'il y répond en quelques phrases. Et il trouve ce moyen de rédaction moins fatigant que l'écriture manuscrite, qu'il a pour le moment en horreur.

Aussi ses grands-tantes Hélène et Nathalie, ainsi que la fourmi Mumbala, qui lui avaient gentiment écrit pour son anniversaire, ont eu le privilège de recevoir les premiers mails tapés de son index gauche. L'occasion de corriger quelques erreurs orthographiques mais de constater avec étonnement que sa mémoire visuelle, grâce à la lecture, fonctionne très bien !

Joshua quant à lui commence à tapoter des mots de son cru en alternant consonnes et voyelles (que j'ai étiquetées d'une gommette sur le clavier le temps de la mémorisation) mais il est toujours créatif en messages cnoiehrq,m rasjcvfpQZRBOUHEFÁ, que ses fans se rassurent !

Un vrai projet d'écriture personnel.

Il y a deux jours, pris à nouveau d'une frénésie de tourteaux (lire l'article sur le sujet), Nathanaël s'est mis à dessiner et à écrire en vue de faire un livre.

Je l'ai aidé pour la mise en page, lui ai expliqué que c'était mieux de choisir son format, horizontal ou vertical, et de le préserver tout au long de l'ouvrage, sinon... il faut faire un peu de découpage ! ;)

C'est lui qui a choisi le contenu : de traiter du "régime alimentaire" de l'animal mais pas de ses prédateurs, de l'espèce qui vit en bord de mer, pas des autres. Comme je suis très calée en crustacés décapodes... nous avons cherché quelques informations sur internet et il s'est régalé à dessiner un couteau, une praire et un bigorneau (nous avions aussi le modèle de Christophe sous le coude !). Les moules en revanche l'ont moins inspiré...

Il a fait ses petites affaires pendant un bon moment, dans son coin, étalé par terre au milieu de dizaines de feuilles. Puis nous avons tout regroupé, trouvé un ordre. Je lui ai montré aussi comment se tracer quelques lignes pour écrire plus droit ses mots et phrases, comment encadrer une image pour faire joli.

Avec le souci du détail qui le caractérise, il est allé jusqu'à dessiner et coller un code-barre sur la quatrième de couverture du livre et écrire un tarif (9 euros, pas cher pour un inédit à tirage unique !).

Et voici le résultat qu'il exhibe fièrement à qui croise son chemin :

Mais ne vous faites pas trop d'illusions : ce livre-là, il ne le vendra pas, on le garde bien précieusement pour nous !

Je ne pensais pas forcément enseigner à Nathanaël l'écriture cursive. Déjà que faire la correspondance entre lettres capitales et lettres minuscules, c'était un véritable exercice de traduction, je me disais qu'ajouter encore une nouvelle graphie, pff, est-ce vraiment nécessaire ? On lit en script. On écrit en scipt dans certains pays. John Holt a également testé et conclu avec ses élèves, du temps où il enseignait, qu'écrire en lettres cursives n'était pas plus rapide qu'en script. L'essentiel c'est d'être lisible (ce qui n'est pas toujours le cas en cursive chez les adultes...). Alors...

Mais comme pour tout, l'environnement est le modèle d'apprentissage des enfants. Et nous sommes des modèles. Du coup, c'est Nathanaël lui-même qui m'a demandé de lui apprendre comment tracer les lettres cursives.

J'ai donc commencé par lui faire découvrir ces lettres aux silhouettes élégantes grâce à des tablettes Montessori que j'avais fabriquées en prévision, quand il était bébé (lettres tracées et découpées dans du papier de verre... pas indispensable finalement, mais ça me faisait plaisir !). Je lui ai donné des lettres sciptes à placer à côté des lettres cursives, par petits groupes, comme un jeu de devinettes pour "démasquer la lettre" en fait. Joshua était très attentif également lors de cet exercice. Nous en avons profité pour décrire, repérer les spécificités et les ressemblances des lettres.

Je lui ai ensuite imprimé des affichettes, qu'il a complétées, reprenant toutes les lettres dans leurs différentes graphies : majuscules/minuscules/scriptes/cursives. Et je les ai collées au mur.

Ne se sentant pas prêt à les écrire, il m'a ensuite demandé de lui écrire des mots au tableau, sans lier les lettres, afin que lui-même les relie. Je n'aurais pas pensé à ça ! Et ça l'a amusé, il avait l'impression qu'il écrivait "en attaché".

Enfin... il s'est lancé ! Dans son cahier, avec le l et le i et il a écrit lili, je ne sais plus pourquoi... Il était amusé en tout cas par ces boucles et ces points. Puis ça lui est passé. Il n'a plus voulu écrire. Je lui ai reproposé quelques fois mais ça ne l'intéressait pas, il n'y avait pas de projet, de situation réelle justifiant l'écriture.

Je lui ai offert un nouveau cahier d'écriture, celui rempli de mots en script illustrés de sa main étant complet, pour quand il serait prêt à démarrer avec les lettres cursives. Et c'est ce mois de mai qu'il a eu envie d'écrire des messages, comme les Romains dans un album d'Astérix, et de les mettre dans des bouteilles comme dans... je ne sais plus quoi... Quoi qu'il en soit, le voilà qui s'est mis à rédiger des messages entiers sur des feuilles volantes, son frère jouant le facteur entre sa chambre et la cuisine. L'orthographe était encore très phonétique mais comme cela a démarré en même temps que son intérêt pour la lecture, il a assimilé quelques mots. Mais ses messages étaient écrits en script et il a voulu rédiger "comme un adulte", en cursive. Du coup, à chaque nouveau mot qu'il voulait écrire, il me demandait de lui montrer une lettre, puis une autre et ainsi deux à quatre lettres par jour afin d'être capable à terme de tout composer en lettres cursives. Cette phase de son apprentissage a débuté au début du mois, des jours avec écriture et des jours sans. Il a appris à écrire dans ce laps de temps, et en oubliant les Romains, 21 lettres de notre alphabet !

Pour cela, pas d'entrainement intensif, juste la volonté personnelle, une demande et un suivi individuels. J'ai chaque fois commencé par tracer la nouvelle lettre au tableau en expliquant mon geste. Nathanaël l'a recopiée, parfois avec ma main pour guider la sienne au début, sur un petit tableau effaçable ligné. Puis une seconde fois seul. Même opération en plus petit sur le cahier. Deux, maximum trois traçages de la lettre solitaire, puis son application dans un ou deux mots. Et plus il a appris de lettres, plus il a été facile et amusant de trouver des mots dans lesquels les employer et les tracer ! Tout cela jusqu'à former des groupes de mots (avec "le" et "la" notamment) pour aboutir finalement à des phrases complètes !

Première page,                   premier groupe de mots,    son prénom en cursive !!!,        première phrase

Et comme Nathanaël veut faire exactement comme nous, commencer ses phrases par une lettre majuscule et l'achever par un signe de ponctuation,  il souhaite apprendre aussi dans la foulée les lettres majuscules. Quand bien même il ne sait pas encore tracer le k et le z, après tout, pourquoi pas, allons dans le sens de la nécessité, de l'envie et de l'usage !

Comme nous n'avions réalisé que la moitié de l'alphabet avec les bâtons, Joshua a réclamé cette semaine de former les lettres arrondies... avec des lacets. Nathanaël s'est joint à nous.

Toujours avec pour modèle notre livre abécédaire, c'est sans souci que Joshua a formé le O et le U. En revanche, il a fallu que son grand frère montre l'exemple, observé avec respect par l'apprenti, pour former les lettres comme le S ou le G, qui se tortillent dans tous les sens !

Et nous avons mixé bâtons et lacets pour les lettres comme le D, le B, le P.

Familiarisation avec les lettres accomplie :)

Vous connaissez la passion de Joshua pour les bâtons et son nouvel intérêt pour les lettres. Il m'a demandé récemment de lui montrer comment écrire le A et le Z (toujours sa lettre chouchoute !), alors sur le tableau effaçable, je lui ai montré et l'ai guidé pour tracer ses premiers "bâtons" et ses premières "montagnes", qui ont fini par former des lettres. Voilà, sa curiosité était sustentée.

Aujourd'hui, il a évoqué le i et le y (il s'amuse souvent dans la journée à identifier des sons dans des mots qu'il entend ou prononce) et voulait savoir comment s'écrivait le y. Je lui ai dit qu'il fallait juste 2 "bâtons"... et au moment où j'ai prononcé ce mot, j'ai senti une petite ampoule s'allumer au-dessus de ma tête : mais oui, les bâtons !!! Et si nous utilisions ta collection de bâtons pour former des lettres ? Enthousiasme assuré ! Le voici qui part en quête de son trésor, nous nous posons sur le tapis avec l'abécédaire de Tchoupi, et c'est parti ! Page après page, nous nommons les lettres et regardons d'après leur silhouette si nous pouvons les former ou non juste avec des bâtons. Il est très clair pour Joshua que les formes arrondies ne sont pas réalisables. Il nous reste quand même 13 lettres, le i étant la plus facile, le K, le M et le W, les moins évidentes. Beaucoup de plaisir dans cet exercice, ce qui nous a valu d'être rejoints par son grand frère qui s'est tout autant amusé à ce jeu.

           Le sage L assis............... et l'effrayant Z géant !!!!!!!!!!!!!!!