• Parcours d'une loi

    Je vous ai expliqué ici que le projet de loi "contre les séparatismes" rebaptisé "confortant les principes républicains" avait, entre autre, l'Instruction En Famille (IEF) dans le collimateur avec l'article 21 lui étant spécialement dédié. Aussi depuis 4 mois et demi, nous sommes des milliers de familles à être mobilisées pour informer aussi bien les élus que les médias, nos voisins, nos amis, les passants, nos commerçants ! Tout est déployé, et bien qu'étant une minorité dans la population, nous connaissons nos droits et n'allons pas baisser les bras comme ça. 

    Nous avons écrit nos témoignages, lu ceux des unes et des autres et partagé en masse à nos députés un panel de situations diverses et variées. Que de souffrances insoupçonnées j'ai pu découvrir à le lecture des parcours de vie de nos amis ! Diagnostic médical tardif, exclusion, phobie scolaire amenant à la perte de cheveux en maternelle, pensées suicidaires en primaire... Des enfants qui grâce à la décision courageuse de leurs parents ont réussi à se reconstruire et à reprendre hors école le chemin d'une enfance heureuse. Et puis il y a aussi les nombreux témoignages des familles pour qui ça a été, comme nous, dès le départ un projet de vie, des récits qui donnent simplement envie d'aller vivre avec ces familles tellement les jours à leur côté semblent si doux :) 

    Parallèlement à ces compilations, nous avons cherché des chiffres qui justifieraient que la suppression de l'IEF soit une mesure de poids dans la lutte contre la radicalisation islamiste... Des actes recensés par centaines contre la laïcité au sein de l'Ecole Publique, oui. En IEF, rien. Les associations de défense des familles se sont regroupées en interasso et dans une grande cohésion ont fédéré des actions collectives dans toutes les régions de France. Elles ont aussi été nos porte-paroles auprès du gouvernement dont elles n'ont pu obtenir aucun chiffre, aucune preuve. Ne pouvant rien attendre de l'Exécutif, nous nous sommes rapidement tournés vers le Législatif.

    Des mamans volontaires se sont fait coordinatrices par région. Nous avons dans les Hauts-de-France, comme partout en France, créé un tableau reprenant les noms de chaque député, les communes de leurs circonscriptions, leurs partis politiques. Chaque famille le souhaitant a ainsi pu contacter le député attaché à sa circonscription par courrier, mail, téléphone et solliciter une rencontre. Certains ont accepté de recevoir ou de programmer des rendez-vous en visio, avec une ou plusieurs familles ; d'autres ont ignoré les sollicitations. Suite aux échanges, le tableau a été rempli pour savoir qui, quand avait été contacté et quelle était sa position. De là, des relances ont été faites, des dossiers de présentation savamment construits ont été envoyés, un suivi établi. Les rencontres ont été vraiment des moyens efficaces de présenter l'IEF, démanteler les préjugés et acquérir des voix en faveur de note cause. 

    Les médias ont d'abord timidement commencé à parler du sujet, toujours dans les mêmes termes, relayant nombre de clichés dans lesquels lecteurs et auditeurs se sont roulés. Puis les manifestations se sont organisées partout en France à l'occasion de WEPLI (Week-end Extraordinaire Pour la Liberté d'Instruction) et le sujet a trouvé une place un peu plus grande et plus étoffée dans les actualités jusqu'à obtenir récemment une couverture dans la presse nationale ! 

    Parcours d'une loi

    Nous étions environ 250 sur la Grand-Place de Lille le 21 novembre, plus de 4200 partout en France ce week-end-là ! Les familles ont récidivé, en décembre, en janvier, même dans le froid, même sous la pluie. Et en février, une poignée de Ch'tis dont nous faisions partie a même fait le déplacement jusqu'à Paris pour rejoindre les familles devant l'Assemblée. Dans cette interview non coupée (une fois n'est pas coutume !), vous m'y entendrez expliquer notre choix de vie.

    Des événements familiaux dans une ambiance festive, amicale, ce qui n'enlève rien au caractère revendicatif ni à notre détermination pour faire en sorte que l'article 21 de ce projet de loi qui entend soumettre une liberté fondamentale à une autorisation, un droit à des exceptions, disparaisse.

    Alors que le parcours d'une loi et les Institutions de la République se retrouvent dans le programme de 4ème au collège, nous le vivons à grande échelle ! Jeudi 11 février, l'article 21 était présenté devant l'Assemblée. C'est donc devant l'écran, en direct, que nous avons suivi ce moment d'une rare intensité.

    Parcours d'une loi

    Nous avons été émus par les discours des députés de tous bords politiques qui se sont levés pour prendre la parole et porter la nôtre. Je remercie tout particulièrement M. Labille, député de la Somme, qui a pris des heures et des heures de son temps pour écouter parents mais aussi enfants témoigner sur l'IEF. Je remercie aussi M. De Courson, Mme Thill, Mme Blin, M. FaureM. Villani et M. Chassaigne pour leurs interventions en faveur de la suppression de cet article liberticide, amendement que bien d'autres avaient co-signé. 

    La majorité l'a évidemment emporté lors du vote et les amendements ont défilé au micro de la Présidente de séance comme sur le tapis roulant des Temps Modernes, échouant automatiquement dans le gouffre de l' "avis défavorable" de la rapporteure Mme Brugnera et du ministre de l'Education Nationale. Nathanaël n'a pu retenir ses sanglots devant l'injustice de ces délibérations, de ces votes émis par des députés qui ont refusé de rencontrer nos familles, de lire nos dossiers, se contentant de suivre une consigne de vote, quand ils ne subissent pas les pressions de leur groupe parlementaire. 

    Mais le chemin de ce projet n'est pas fini, loin de là ! Les sénateurs ont déjà été contactés, ils ont reçu leurs petits dossiers :) Le parti majoritaire y est différent et en notre faveur. En mars, l'article fera à nouveau débat. Et si les députés, contre l'avis des sénateurs, ne changent pas leurs positions, ce sera alors le Conseil Constitutionnel qui sera saisi, et par les élus, et par la société civile. Nous avons recours pour nous épauler à un avocat spécialisé dans les libertés constitutionnelles, Me Sureau, qui saura sans aucun doute mener à bien ce combat. Pour cela une cagnotte commune a été mise en place par l'interasso, qui nous permettra de couvrir les frais de notre avocat. 

    Vous pouvez nous aider en participant à la cagnotte, tous les petits dons mis bout à bout sont importants et déductibles d'impôts. (Edit : la cagnotte a atteint le montant couvrant les frais d'avocat, merci aux participants !!!)

    Vous pouvez aussi, si vous ne l'avez pas déjà fait, signer et continuer à relayer la pétition. Il nous faut 150.000 signatures pour la déposer au Conseil économique, social et environnemental : la troisième assemblée qui conseille l'Assemblée nationale et le Sénat !

    Merci pour votre soutien ! :)

     


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