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Où sont les femmes ?
Ce jeudi, il y en avait quelques-unes au Palais des Beaux-Arts de Lille pour la visite guidée de l'exposition temporaire sur ce thème. En effet, le musée a décidé de donner un coup de projecteur sur les œuvres des femmes, peu nombreuses, que compte sa collection permanente : 135 sur 60 000, sur une période allant du XVIIème siècle à nos jours.
Dans une première partie, notre guide évoque le statut des femmes, qui jusqu'à la fin du XIXème siècle étaient exclues des écoles académiques d'art. Les seules façons pour elles d'apprendre et de devenir artistes étaient la parentèle, c'est-à-dire la possibilité de pouvoir travailler auprès d'un artiste masculin du cercle familial, ou bien les "ateliers pour dames", réservés au femmes. Un tableau de Marie-Amélie Cogniet, formée sous l'égide de son frère, représente un atelier. On y voit notamment une petite sculpture retournée, les femmes n'ayant pas le droit d'observer ni représenter l'anatomie des hommes.
Jacqueline Comerre-Paton est parmi les chanceuses à pouvoir exercer son métier d'artiste aux côtés de son mari, bien que restant dans l'ombre. Nous découvrons ici son tableau Hollandaise, 1888.
Après de nombreuses actions militantes, les femmes obtiennent en 1893 l'ouverture des écoles d'art aux femmes. Notre guide nous retrace alors le parcours de Sonia Delaunay, pionnière de l'abstraction. Face à son tableau Rythme-couleur 1076, nous observons les couleurs, les formes, le mouvement ; nous nous prêtons aussi à un petit jeu d'optique. Notre guide nous montre également sur sa tablette les créations textiles et les danseurs de tango qui inspirent le mouvement de ses peintures.
Dans une seconde section de l'exposition, nous découvrons la hiérarchie des sujets, les thèmes dont les hommes ne veulent pas et qui, comme des miettes, sont laissés aux femmes. Ainsi les natures mortes sont-elles le sujet majeure dans lequel les femmes artistes peuvent exceller. Certaines mènent des carrières spécialisées, telle Rachel Ruysch ; d'autres reçoivent des commandes de l'Etat, comme Rosa Bonheur, pour promouvoir le labeur de la terre, de l'élevage. D'autres enfin se saisissent de disciplines dites masculines comme la sculpture ou encore s'échappent des codes conventionnels.
Dans une troisième section, nous découvrons la mise en place de réseaux pour sortir son épingle du jeu. Ainsi, Mathilde Bonaparte, nièce de Napoléon III, tient un Salon notoire. Elle est à la fois artiste, mécène et diffuseuse de l'art porté par les femmes. De nombreux Salons et galeries fleurissent également au XXème siècle.
Buste de Mathilde Bonaparte, La Princesse Mathilde, de J.-B. Carpeaux, 1862 Une Juive d'Alger, de M. Bonaparte, 1866
Après cette visite, nous nous sommes rendus dans le sous-sol du Palais, où se cache un bel atelier. L'animatrice nous a proposé de représenter une nature morte d'après modèle et d'utiliser différents médiums pour colorer et rehausser la lumière (aquarelle, fusain et gomme mie de pain).
Notre enquête pour retrouver les femmes dans les arts, les sciences, l'Histoire n'en restera pas là !
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