• L'alchimie des mondes

    J'ai organisé ce mois-ci une visite-atelier de l'exposition temporaire du LaM sur l'artiste plasticien Anselm Kiefer, guidée par notre fidèle Aymeric. 

    Peu connu en France, où il vit encore aujourd'hui, c'est aux Etats-Unis que l'artiste allemand rencontre le succès auprès du public dans les années 80. Né en 1945, juste avant la fin de la guerre, son œuvre est fortement imprégnée de cette période, ce que je trouvais donc intéressant par rapport à notre étude actuelle de l'Histoire.

    Anselm Kiefer a toujours utilisé la photographie d'une manière ou d'une autre, et c'est la vocation de cette exposition qui la met au centre du sujet. 

    Anselm Kiefer

    Dans une première salle, nous découvrons une série d'autoportraits datant de 1969.
    A cette époque, l'artiste revêt le costume de soldat de son père et se photographie faisant le salut nazi. Il  parcourt ainsi l'Europe pendant 2 ans pour faire parler d'un sujet tabou, qui dérange et sur lequel il s'interroge. Son ambition est alors mal comprise. 

    Anselm Kiefer

    Au centre de cette salle se trouve une installation créée spécialement pour l'exposition. Il s'agit d'une baignoire contenant des rouleaux de films photographiques, qui tels des souvenirs se déversent jusqu'aux pieds des spectateurs. 
     

    Anselm Kiefer

    Kiefer utilise beaucoup le plomb dans ses créations et leurs supports. Dans la philosophie du "Nigredo", il est question de prendre la noirceur pour en faire quelque chose de mieux, comme le ferait un alchimiste. C'est un élément qui revient tout au long de notre parcours. 
     

    Anselm Kiefer

    La seconde salle comporte de nombreuses vitrines dans lesquelles se trouvent des livres géants faits de carton, photos, matériaux (cheveux, bois, graines...). Le tournesol est la plante phare de l'artiste, qu'il cultive, expose, représente. Sur les murs, des cadres pesant chacun 100 kg mettent en relief des paysages de ruines, desquelles émergeront de nouvelles constructions. Pour l'artiste en effet, toute création passe par la destruction, qui est le commencement de tout. Et ainsi le cycle de la vie perpétuellement se poursuit... 
     

    Anselm Kiefer 

    Anselm Kiefer

    Pour ses créations monumentales et ses mises en scènes, Kiefer utilise un espace conséquent : usines désaffectées et hangars. Son travail requiert également de nombreuses machines et employés. 
     
                                   Anselm Kiefer  Anselm Kiefer
     
    La salle suivante présente un grand nombre de dioramas ayant pour fond la Forêt Noire, berceau de la culture allemande, de ses récits. L'artiste y intègre parfois ses souvenirs personnels. L'atmosphère a ici quelque chose de magique. 
     
    Dans une autre salle se trouve un très grand tableau, intitulé Lilith. La figure de la femme vengeresse de la légende juive plane sur une ville qui étouffe. 
     

    Anselm Kiefer

    C'est un vélo 3 places que nous découvrons dans une autre salle. Il s'agit d'un char céleste transportant des coupoles de sel, de mercure et de soufre, la Merkabah. Derrière lui, un tableau de taille conséquente dont déborde une échelle représente l'ascension spirituelle, avec ses paliers. 
     

    Anselm Kiefer

    Anselm Kiefer

    Nous achevons la visite devant une photographie sur plomb de 11m sur presque 4 représentant Kiefer, face au Rhin, contemplant l'autre rive, l'Allemagne, sa terre natale, les pieds dans l'eau. Par électrolyse, les ions de cuivre sur le plomb donnent une couche verte à l'œuvre photographique. 
     

    Anselm Kiefer

    Après un parcours aux nombreuses facettes symboliques, la visite s'est poursuivie par un atelier créatif durant lequel les enfants ont été invités à construire une structure et à occuper l'architecture avec des images de l'exposition et divers matériaux. 
                                 
                                 Anselm Kiefer  Anselm Kiefer
     
    Joshua a tout autant apprécié cette visite que l'atelier.  
     

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