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En décembre, nous nous sommes rendus avec d'autres familles en IEF au musée de La Piscine à Roubaix pour une visite guidée de l'exposition sur Chagall intitulée "Le cri de la liberté".Nous avons été accueillis par un guide qui a commencé par nous présenter un peu la vie de l'artiste, ses origines, son installation en France et le contexte politique de son époque pour mieux appréhender le mélange de géographies et les thèmes qui ressortent de ses œuvres.Nous nous sommes tout d'abord posés devant son tableau "Commedia dell'arte", peint en 1959. Notre guide nous a fait remarquer les associations de thèmes opposés, le mélange de grotesque et de danger, la présence des animaux, parfois hybrides, que l'on retrouve fréquemment dans les toiles de l'artiste.Puis il a fait lire aux enfants un poème écrit par Chagall, dans lequel il leur a demandé de barrer dans une liste de mots ceux qui ne reflétaient pas l'atmosphère du poème et de relever ceux qui au contraire s'y rapportaient bien.Il nous a ensuite fait observer un élément que l'on retrouve souvent : le couple d'amoureux ou le bouquet de fleurs, l'amour étant un thème cher à l'artiste idéaliste, soucieux de transmettre des messages positifs de paix sur Terre et des valeurs humanistes. Il se représente ainsi dans un autoportrait tel un ange messager chargé de connecter les hommes à Dieu.Nous croisons ensuite dans l'exposition sa ville natale, Vitebsk, et sa maison, qu'il choisit de représenter en bleu, revendiquant sa liberté à un moment où le totalitarisme qualifie certains artistes de dégénérés.Nous observons aussi "Le marchand de journaux", 1914, et les enfants décrivent l'atmosphère donnée par les couleurs, trouvent des adjectifs pour décrire le visage.Plus joyeux, nous découvrons ensuite le mariage de Marc Chagall avec Bella dans son "Double portrait au verre de vin" de 1917.On y remarque l'influence du cubisme et du fauvisme qu'il rencontre en France et les débuts de l'art abstrait. Il y fait aussi un pont entre la Russie et Paris. A ses côtés, un portrait de son oncle.Notre guide continue au fil des salles de dérouler la biographie de l'artiste. Pour rester positif malgré les horreurs commises à son époque (pogroms, persécutions), l'humour et l'autodérision sont les armes que l'on trouve dans les œuvres de Chagall. Ainsi il illustre des Fables de La Fontaine, dont la morale fait écho à l'Histoire contemporaine.Fidèle à ses origines et valeurs, il refuse de participer à la propagande d'Etat et donne également une place importante à la religion, de manière œcuménique, en montrant comme l'Histoire se répète et la part de responsabilité de l'homme, tout en faisant passer des messages de pardon, de paix et de résilience.Pour conclure cette visite, les enfants ont eu un petit temps pour dessiner ce que leur inspirait cette exposition.
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Nous nous sommes rendus pour la première fois aux Archives nationales du monde du travail, situées dans uneancienne filature à Roubaix.L'exposition temporaire du moment est : "Travailler en temps de guerre", ce qui vient alimenter notre étude actuelle des deux guerres mondiales.L'exposition est constituée de 3 parties :- Sur le champ du travail- Produire en guerre- Main d'œuvre en guerreNotre visite de groupe s'est faite sous la forme d'un jeu de piste. Nous avons formé 4 mini groupes multi-âges, qui devaient chacun réaliser 7 missions, chacune comportant 2-3 questions ou enquêtes.A la fin de chaque mission, il fallait faire valider les réponses par les médiatrices et nous disposions d'un Joker si jamais nous avions besoin d'aide sur une question.J'ai suivi un petit groupe de 4 enfants, dont faisait partie Joshua, qui a été missionné sur le thème de "Travail et pouvoir" et dont voici les missions réalisées avec succès :- Mission 1 : identifier la personne sur la photo, donner son nom et sa fonction -> Philippe Pétain, Président du conseil- Mission 2 : écouter un discours, identifier le locuteur et l'objectif de cette intervention à la radio -> Pétain, propagande pour son régimeTrouver la radio de diffusion -> Radio Nationale, dite Radio Vichy-Mission 3 : trouver la "Charte du travail" et donner son année de parution -> 1941- Trouver deux exemples d'interdits -> grève, activités politiques ou religieuses au travail- Observer l'affiche avec les mains dirigées vers la "Charte du travail" et trouver la référence -> salut nazi ou romain, signe d'allégeance- Mission 4 : trouver le nom donné au travail à la chaîne chronométré -> OST (Organisation Scientifique du Travail)Autre nom à trouver à partir d'un rébus -> taylorisme- Mission 5 : Trouver le nom d'une entreprise française qui met en place et promeut l'OST -> Michelin (+ Renault)- Créer un slogan pour promouvoir le travail chronométré, le productivisme (le salaire du travailleur étant indexé sur la production) -> "Travaillez plus vite, vous mangerez plus de frites !"* Les médiatrices ont beaucoup aimé le slogan, avec sa touche locale ! Et nous en avons profité pour chercher de quand datait l'invention de la frite... et manger des frites en sortant à midi ! ;)- Mission 6 : trouver dans quels domaines principaux travaillaient les femmes pendant la 1ere puis la 2eme guerre mondiale-> 1ere GM : usines d'armement, champs, métallurgie, conserverie-> 2eme GM : administration, foyerQuand les hommes reviennent, ils veulent retrouver leurs postes et les femmes ne peuvent plus travailler. Elles doivent rester au foyer, faire des tâches ménagères et procréer pour "fabriquer de futurs soldats"- Mission 7 : trouver de quoi est accusée l'entreprise Maggi et de quoi on la soupçonne avant la 1ere GM -> espionnage, collaborer avec l'armée allemande, mettre du poison dans les alimentsCes missions réussies, la médiatrice a réuni tous les groupes pour faire ressortir par les enfants les idées principales sur chaque thématique et nous sommes repartis avec un livret complet de l'exposition, qui est présentée jusqu'au 4 mai 2024.Merci à Fabienne pour l'organisation et merci aux médiatrices pour leur accueil bienveillant et pour cette visite ludique et instructive.
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Cette année encore, la Banque Alimentaire du Nord nous a contactés afin que nous participions à sa collecte annuelle, qui se déroule fin novembre. J'ai demandé à Joshua s'il était partant, il a acquiescé, nous avons donc réservé le créneau du vendredi après-midi dans notre supermarché de quartier.
Contrairement au dimanche matin testé l'an passé, je savais que ce créneau serait plus tranquille. Mais il fallait malgré tout tenir 2h30, en courant d'air, debout, ce n'est pas si aisé. Nous avons retrouvé sur place un autre bénévole, enfilé nos chasubles orange pétard, saisi nos petits flyers et révisé notre discours d'abordage. J'ai proposé à Joshua, qui n'était de prime abord pas très à l'aise, que je commence à accoster les premiers clients qui se présenteraient afin qu'il intègre la posture, écoute les éléments. Puis nous nous y sommes tous mis. Comme chaque fois, nous avons eu affaire à des personnes qui ne souhaitaient pas donner, qui étaient pressées, qui avaient oublié leur porte-monnaie, voire même qui nous snobaient... Mais en grande majorité, nous avons rencontré des personnes qui comprenaient l'intérêt, ont participé à l'opération et nous ont remerciés. Joshua a dû surmonter les premiers échecs, ne pas se décourager et a gagné progressivement en confiance après quelques succès.
Ce temps nous a aussi permis d'observer un autre phénomène important : le rôle que joue le commerce de proximité dans les relations sociales pour briser la solitude de personnes isolées. Il y avait en effet un nombre notable de personnes âgées qui venaient seules faire de petites courses et étiraient le temps, choisissant ici et là avec soin un produit ou discutant avec le vigile à la sortie. Avant de revenir le lendemain ou même une autre fois dans la journée. Ce constat m'a touchée et je me suis dit qu'il y aurait peut-être d'autres actions dans cette direction à mener.
En attendant je suis encore une fois heureuse que notre Joshua ait osé !
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J'ai choisi le mois de novembre non par hasard pour étudier le chapitre de la Première Guerre Mondiale. Nous avions bien sûr déjà eu l'occasion d'en parler, avions croisé de nombreux cimetières militaires et monuments aux morts. Nous avions aussi visité il y a deux ans le centre d'interprétation de Ploegsteert, côté belge, et avions dans ce même secteur rejoint le site commémorant la trêve de Noël 1914, comme le relate le film Joyeux Noël, de Christian Carion, que nous avions regardé.
Cette année, pour le 1er novembre, nous nous sommes rendus du côté d'Arras, au Mémorial 14-18 de Souchez. Nous avons d'abord visité le Centre d'Histoire, avant de nous rendre sur la colline Notre-Dame-de-Lorette, où reposent 42 000 soldats français, ce qui en fait tristement la plus grande nécropole militaire de France. A travers des cartes, des objets et de nombreuses photographies, le Centre d'Histoire offre aux visiteurs une vision précise de la guerre à l'échelle locale. Les photos des villes complètement rasées sont particulièrement édifiantes.
Ligne de front en 1914 Ville de Lens après la guerre
A la sortie du Centre, la rencontre de la pluie et du soleil d'automne a formé un arc-en-ciel qui semblait émerger et protéger le site de Notre-Dame-de-Lorette.
Face à la nécropole, inondé lui aussi de lumière, l'Anneau de la Mémoire faisait ce jour-là briller les noms des 580 000 soldats de toutes origines, de tous grades, de toutes religions, tombés sur le sol du Nord-Pas-de-Calais entre 1914 et 1918. Nous y reviendrons.
Nous avons poursuivi notre pèlerinage en Terre de Mémoire le 11 novembre. Nous nous sommes d'abord rendus à Arras pour visiter la Carrière Wellington. Une guide nous a raconté la genèse de cette carrière avant de nous faire voyager, coiffés de casques, au côté des tunneliers néo-zélandais, à 20 mètres de profondeur. Une immersion tout aussi intéressante qu'émouvante.
Deuxième étape de notre journée : l'incontournable site de Vimy. Le paysage vallonné sur lequel des moutons paissent paisiblement ferait presque oublier que ce sont les obus qui l'ont créé. Nous nous rendons d'abord au gigantesque monument érigé par le Canada à la mémoire de ses soldats, avant d'aller fouler les tranchées et de nous rendre pleinement compte de l'improbable proximité des lignes.
Enfin, au bout de notre chemin, nous avons retrouvé l'Anneau, gardien de la mémoire internationale. Nous y attendait un champ de coquelicots géants, encerclant le duo de la Compagnie Fredandco. Dans un froid mordant, nous avons vu le soleil se coucher et les coquelicots s'allumer, nous avons écouté les notes s'envoler et parcouru le chemin ovale à la rencontre des noms gravés ici pour que l'on n'oublie jamais. A l'issue du concert, nous avons partagé la lumière, de flambeau en flambeau, pour illuminer la colline que nous avons descendue en procession. J'ai trouvé ce moment très fort et suis heureuse de l'avoir partagé avec Joshua.
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A la fin de cette année, Joshua va devoir choisir une orientation dans la poursuite de ses études. Pas facile de faire un choix quand on a 14 ans, ça met quand même une grosse pression. Nous avons fait un petit tour de ses centres d'intérêt et envies l'été dernier, fait le tri aussi entre ce qui n'est qu'une occupation, un hobby, et ce dans quoi il pourrait se projeter. Ainsi les métiers autour de la gestion des espaces naturels l'ont attiré mais il ne s'y projetait pas ; être bénévole ponctuellement oui, mais pas au quotidien. Idem pour la réparation d'appareils électroniques. Ou le soin aux animaux. Nous nous sommes donc fixé comme objectif cette année d'organiser des stages de découverte métier afin qu'il se fasse une meilleure idée des voies susceptibles de lui convenir.
Et c'est dès la journée de "non-rentrée" qu'une piste a émergé lorsqu'Aurélie, maman de deux enfants en IEF, et vendeuse à temps partiel dans un magasin, a proposé à Joshua de venir faire un stage découverte métier. Joshua a aussitôt dit oui et nous nous sommes rendus ensemble dans le magasin afin de découvrir le lieu, faire connaissance avec Aurélie, puis avec Cindy, la propriétaire et gérante de cette petite épicerie spécialisée dans le vrac. Joshua a aussitôt aimé ce petit commerce familial, qu'il a trouvé chaleureux et avec une identité propre. Nous avons donc signé une convention de stage et c'est pendant les vacances de la Toussaint qu'il s'est immergé durant une semaine dans le monde du commerce.
Cindy a répondu à toutes les questions de Joshua sur son commerce et l'entreprenariat. Elle lui a aussitôt fait confiance et confié des missions : réapprovisionner les étals, créer des affiches de promotion, collecter les colis déposés par les livreurs ou les clients, remettre les colis aux clients. Il l'a également accompagnée au MIN (Marché d'Intérêt National) pour l'achat hebdomadaire de produits frais.
Joshua a ensuite rédigé un rapport de stage et Cindy nous a envoyé son évaluation, très positive sur tous les points : ponctuel, poli, respectueux, autonome, dégourdi, observateur, curieux, intéressé. Tant sur le plan professionnel, sur lequel il donnait son avis, que sur le plan humain, Cindy a trouvé ce stage très agréable et enrichissant pour elle aussi.
Et du côté de Joshua, ce stage lui a donné envie de se diriger vers le milieu professionnel du commerce, il apprécie être au contact des clients et aimerait les conseiller dans leurs achats. Pas forcément dans le milieu de l'épicerie, plutôt dans celui du matériel informatique et du gaming. Nous allons donc poursuivre l'exploration de cette voie avec un autre stage et assister aux journées portes ouvertes des établissements proposant des filières adaptées.
Encore merci à Aurélie et à Cindy pour l'opportunité et l'accueil.